Le week-end du 16 et 17 octobre a eu lieu le premier Féminist’Camp post-COVID organisé par l’association féministe Osez le Féminisme.
Le rendez-vous était fixé à 9h30. Les femmes sont arrivées au fur et à mesure de toute la France et ont été accueillies avec café/petit-déjeuner. Des bénévoles de l’association vérifiaient les inscriptions et distribuaient les badges, le cahier de notes et le gobelet à l’effigie de l’association, pendant que d’autres vendaient des goodies au profit de cette dernière. On pouvait se procurer des livres féministes parmi lesquels Pour une sexualité féministe et épanouie, le Féminisme pour les nul·les, Beyoncé est-elle féministe ? ou encore Naissances lesbiennes – parcours de lesbiennes féministes, des mugs, des badges illustrant un clitoris etc…
Toutes les femmes se sont retrouvées pour la présentation plénière. Plus des trois quarts des femmes vivaient leur premier FéministCamp. Après avoir chanté la chanson «hymne des femmes », elles ont rejoint les ateliers choisis.
Le samedi s’est terminé par la présentation du film Sororamour (Visible à la fin de cet article) et la présentation de ce dernier par la réalisatrice Pauline Makoveitchoux avant la soirée festive. Le dimanche était consacré au travail du groupe Les Frangines sur la réalisation du livre et la présentation du site internet. Le groupe de bénévoles cherche à présenter le livre partout en France avant de mettre en place des ateliers de sensibilisation à la sexualité dans les lycées.
Qu’est-ce qu’un FéministCamp ?
Un FéministCamp est un week-end de formation féministe organisé par des femmes bénévoles. Différents ateliers sont organisés, mixtes ou non mixtes, dans lesquels les femmes peuvent parler librement des problèmes rencontrés dans la vie de couple, dans la sexualité, dans les sphères privée, sociale et professionnelle… Ce week-end permet de développer la sororité. La première étape est de se rendre compte à quel point le patriarcat influe sur tous les pans de la vie d’une femme, hétérosexuelle ou non. Puis, le but est pour les femmes de retrouver leur propre identité, délestée de la domination masculine et du patriarcat.
Les FéministCamps ont lieu dans la MFR de Rambouillet, avec une grande salle de réception, une cafétéria, des salles de classe et des dortoirs comprenant 4 lits et une salle de bain. Les repas sont pris collectivement et ils sont préparés par le personnel de la MFR.
Les tarifs très bas (entre 30 et 50€) sont possibles car tout le travail d’organisation et d’animation des ateliers est fait par des bénévoles de l’association. Tout le monde contribue au ménage et au rangement. Suite à ce premier camp, rendez-vous est déjà pris en avril 2022 pour le deuxième FéministCamp de l’année.
Quel contenu est discuté dans les ateliers ?
Voici quelques extraits des échanges. Dans l’atelier « construire une sexualité libérée des injonctions », certaines femmes ont discuté de la notion de consentement : « Le consentement est parfois compliqué à donner car les femmes ne se connaissent pas, elles se laissent découvrir par des hommes et ne savent pas ce qu’elles veulent. Le consentement doit être du partage, du plaisir réciproque. ». Elles ont discuté de la place du patriarcat dans les relations sexuelles : « La libération des femmes s’est construite de façon hétéro normée et patriarcale. La sexualisation est vue par la contraception et l’IVG. Du fait de la contraception, les femmes sont vues par les hommes comme disponibles tout le temps. » Les femmes ont réfléchi aux injonctions liées à leur corps : « une déconstruction est à faire en tant que femme, nous devons changer les dégoûts, sortir de l’esthétisation des corps. Nous devons faire de notre corps un outil de combat. On est dans une société patriarcale, nos choix ne sont pas forcément nos choix. »
La contrainte à l’hétérosexualité a aussi été abordée : « Nous sommes censées être belles pour eux, leur plaire sexuellement dans le but de gagner leur amour », « les filles apprennent dès leur plus jeune âge que leur objectif consiste à plaire aux hommes », les femmes ont le « choix entre “être baisables ou invisibles”, leur « valeur est indexée à l’intérêt que leur portent les hommes ».
Dans le cadre de l’élection présidentielle, les femmes vont créer un féministomètre et comparer les programmes et attitudes des candidat·es.
Et les hommes dans tout ça ?
Il est à noter que trois hommes étaient présents. L’un d’entre eux nous explique son cheminement :
Robin« Mon ex-copine m’a sensibilisé au féminisme et je voulais me former afin de faire changer les mentalités auprès des hommes avec mes amis et au travail. J’ai trouvé les ateliers passionnants et j’ai été bien accueilli. »
Le féminisme ne se fait pas contre les hommes mais bien avec les hommes, pour les aider à sortir des injonctions à la domination et au patriarcat afin d’entretenir des rapports égaux et respectueux.
Le FéministCamp a permis de parler sans tabou du poids que pèse le patriarcat sur la vie des femmes et de la société toute entière.
Pour toutes les femmes et hommes présent·es, il y a un avant et un après le FéministCamp : une prise de conscience pour des choix beaucoup plus assumés et éclairés en tant que femme, une force pour imposer l’égalité et le respect dans tous les pans de la vie quotidienne.
Ce n’est qu’en changeant notre regard sur nous-même que nous parviendrons à faire changer la société.
Vivement avril 2022 !
Article écrit par Pauline Ternon pour le journal de l’insoumission, crédit photo Pauline Makoveitchoux